Toute existence mérite-t-elle salaire ?
Emission Du grain à moudre du 11-12-2013 - Hervé GARDETTE - FRANCE CULTURE
L’organisation de la démocratie en Suisse a au moins un avantage sur la nôtre : le recours régulier à des référendums d’initiative populaire permet de mettre au cœur du débat public des questions qui, sans cela, aurait eu bien du mal à être portées par la représentation politique. Ainsi la question de la limitation des hauts salaires ou l’interdiction des parachutes dorés : la première initiative a été rejetée, la deuxième adoptée. Ainsi cette prochaine consultation (on ne sait pas encore précisément quand) consacrée à la mise en place d’un revenu minimum pour tous.
Un revenu minimum pour tous : que l’on soit jeune ou vieux, que l’on soit pauvre ou riche, que l’on travaille ou pas : pour tous donc ! L’idée peut paraître saugrenue. Elle ne l’est pas si l’on en juge par la longue liste de ses promoteurs, qui nous fait remonter au XVIe siècle de Thomas More, en passant, au XXe siècle, par les Etats-Unis de l’économiste James Tobin (inventeur malgré lui de la taxe du même nom), pour arriver à notre classe politique nationale : le socialiste Christophe Girard et l’ancien premier ministre Dominique de Villepin, par exemple, y sont l’un et l’autre favorables.
Le revenu minimum, ou revenu de base (ce ne sont pas les appellations qui manquent) aurait pour vertus de lutter contre la précarité, de faire diminuer le chômage, de mettre fin à la stigmatisation des plus pauvres, et peut-être surtout d’émanciper l’individu, en ne l’obligeant plus à travailler. Une idée suffisamment incorrecte politiquement pour qu’elle vaille la peine d’être examinée de près.
Invités :
Christine Boutin, ancien ministre, Présidente d’honneur du Part Chrétien Démocrate, Conseillère générale des Yvelines
Michel Husson, économiste à l'IRES, membre du conseil scientifique d'Attac et de la Fondation Copernic
Baptiste Mylondo, enseignant en économie et en philosophie politique à l'Institut d'études politiques de Lyon et dans diverses écoles supérieures.